Rebelles d'Afrique et d'ailleurs cherche à mettre en place de nouvelles Institution et Constitution dans les pays d'Afrique en tenant compte de leur histoire et de leur culture, et en tentant de concilier tradition et modernité. La réflexion porte également sur l'abandon du franc CFA, et d'un redécoupage de territoires, car les uns et les autres sont ceux hérités de la colonisation. Entre 1500 et 1900, les Africains sont passés de 17 % à 7 % de la population mondiale. Il faut compter en moyenne quatre victimes collatérales pour un esclave vendu. Soit près de 100 millions de personnes ? (L'Afrique des idées, " Quel est le bilan humain de la traite négrière " par E. Lerouiel).
9 Novembre 2012
Les trois plaies de l’Afrique sont la religion (toutes confondues), les milices et l’armée. S’en y oublier les rapports conflictuels entre la France et ses anciennes colonies dans ce que l’on dénomme la France-Afrique. Le nouveau président français, François Hollande, a annoncé sa mort… comme le firent ses prédécesseurs Mitterrand et Sarkozy avec le résultat que l’on connaît.
Nous prenons acte des paroles de François Hollande tout en mettant en doute sa volonté et sa capacité à changer les choses. Ses premiers rendez-vous avec les chefs d’États africains, son récent voyage pour le sommet de la francophonie en République démocratique du Congo et ses prises de position sur le Mali nous laissent septiques. Hollande est lui aussi un chef de guerre comme le fut son prédécesseur et ce ne sont pas les propos de son ministre des Affaires étrangères qui peuvent nous rassurer.
En septembre 2011, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, s’était exprimé à la tribune des Nations unies à New York, pour réclamer une coopération régionale avec le soutien de l’Onu, afin de mettre son pays et la sous-région à l’abri des conséquences de la déstabilisation de la Libye : « Des dépôts d’armes ont été pillés en Libye. Ces armes sont aujourd’hui disséminés dans toute la zone sahélo-saharienne avec le risque d’échouer entre des mains terroristes. Tenant compte du caractère régional des menaces, le Niger est déterminé à mutualiser ses efforts avec ceux des autres pays, notamment de la sous-région afin de faire face à la situation. » (Afrique Asie, novembre 2012, pages 52-53).
Malheureusement personne n’avait daigné donner suite à sa demande et le président nigérien avait décidé de faire face à la menace notamment en renforçant la sécurité aux frontières et en désarmant les Touaregs kadhafistes avant de les accepter au Niger, au contraire de ce qu’ont fait les autorités maliennes avec leurs propres Touaregs combattants en Libye.
Depuis la situation dans la sous-région s’est considérablement aggravée :
- au Mali, le renversement du président par certains militaires n’a fait que brouiller un peu plus une situation déjà confuse ; les nouvelles autorités maliennes imposées par les dirigeants occidentaux, notamment français, ne font pas l’unanimité dans la population et ont du mal à définir une ligne politique et à Bamako de nombreuses manifestations contre la guerre voulue par le président Hollande ont lieu ;
- en Mauritanie, le président blessé par des tirs ( ?) est toujours hospitalisé en France ;
- au Nigeria, le pays le plus peuplé de la région est en proie à une violence accrue de la part de la secte Boko Haram. Cette violence se traduit par des assassinats de policiers, de militaires et du pillage de leurs armes… des chrétiens et la destruction des églises ; des imams accusés d’avoir trahi Dieu et de nombreux chefs traditionnels ont été tués pour avoir osés condamner les exactions commises ; des attentats à la voiture piégée ont fait leur apparition ainsi que des attentats suicides. Malheureusement pour les populations à la violence de la secte salafiste s’ajoute celle des forces de police et de gendarmerie de la Joint Military Task Force (JTF), s’y ajoute la corruption de plusieurs potentats locaux ;
- au Niger, le sport national pour certains semble être devenu l’enlèvement d’étrangers, d’autre part des Touaregs marchands de sel se sont reconvertis dans toutes sortes de trafics : armes, drogue, complicité avec les salafistes du Mali voire mercenaires ; le point positif est que la politique du président Issoufou se situe dans la même logique que certains de ses prédécesseurs (Baré, Tandja), combattre les Touaregs rebelles tout en favorisant l’entrée d’autres dans l’appareil de l’État. Le Premier ministre Brigi Faffini, le général Ahmed Mohamed et le conseiller du chef de l’État Mohamed Alambo, fondateur du Mouvement Nigérien pour la Justice (MNJ).
Les autorités nigériennes doivent faire face à l’arrivée de milliers de réfugiés maliens et craignent aussi que les exactions de la secte Boko Haram ne débordent sur leur territoire après les violences à Zinder et la destruction de sa plus grande église.
Le président français songe à manœuvrer en sous-main en s’appuyant sur 3 000 soldats maliens, des soldats tchadiens et les quelques 3 300 soldats de la Cedeao. Cette dernière semble incapable de fournir un tel contingent et de plus les différents États traînent les pieds pour y aller, n’arrivant déjà pas à juguler la violence dans leur propre pays !
Reste une équation que François Hollande néglige c’est la participation de son ami le Qatar dans cette guerre de tranchées. Personne n’ignore plus son soutien apporté aux différentes factions rebelles qui sévissent au Mali. Nous pensons que l’émir du Qatar rêve d’implanter un califat wahhabite en Afrique.
La fortune de ce micro État semble inépuisable. Est-ce du à ses ressources naturelles ou le Qatar est-il devenu la plaque tournante du blanchiment d’argent : du trafic d’armes, de la drogue et des très riches exilés fiscaux occidentaux ?
Pour en revenir à la guerre du président Hollande au Mali, hormis le scepticisme de l’ONU sur la réussite de l’opération, n’est-il pas invraisemblable de retirer les forces armées françaises d’Afghanistan pour aller s’embourber non officiellement dans le désert malien !
Soulignons quand même l’appel au dialogue lancé le 4 novembre dernier par le groupe islamique armé Ansar Eddine et lu devant Blaise Compaoré, le président burkinabé; médiateur pour l’Afrique de l’Ouest, lors d’une rencontre à Ouagadougou : « Ansar Eddine rejette toute forme d’extrémisme et de terrorisme et s’engage à lutter contre la criminalité transfrontalière organisée… En vue d’un accord global de paix, a recommandé à Monsieur Compaoré la mise en place d’un cadre de dialogue associant à Bamako, les mouvements armés maliens, l’Algérie et d’autres partenaires internationaux. Il s’est enfin engagé à un arrêt total des hostilités et a appelé l’ensemble des mouvements armés à l’imiter. » (Le Monde du 8/11/2012, page 14).
Dans le même temps, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire après l’arrestation au Mali, le 4 novembre, d’un franco-malien, qui s’apprêtait à rejoindre le nord du pays pour se battre au côté des groupes armés islamistes. D’autres enquêtes de filières jihadistes vers le Mali sont actuellement en cours en France.
NICOLAS